Travail Social à Majunga septembre 2017

Travail Social à Majunga septembre 2017

J’ai passé trois semaines à Majunga avec Christiane, Jean-Paul et Jean-Louis. Comme je suis assistante sociale j’avais envie de découvrir comment étaient prises en charge les personnes malades ou en difficulté et comment s’organise la protection des enfants à Madagascar.

A coté du centre Don Bosco à Majunga (où nous avons logé pendant notre séjour) se trouve l’orphelinat dont la responsable est Zita. Il ne s’agit pas à proprement parler d’un orphelinat car la plupart des enfants ne sont pas orphelins, ils ont étés placés sur décision du tribunal suite à de la négligence parentale ou des mauvais traitements. La situation de ces enfants ressemble à celle des enfants placés et confiés à l’aide sociale à l’enfance en France. Chez nous cet établissement serait une « maison d’enfant à caractère social» ou un « lieu de vie ».

Pour le moment Zita accueille 20 enfants âgés de 6 mois à 13 ans. Elle m’a évoqué l’histoire de certains d’entre eux. Ce sont des histoires lourdes : abus sexuels, décès d’un parent l’autre étant incarcéré, parent qui a disparu sans laisser d’adresse…

A Madagascar beaucoup de mères élèvent seules leurs enfants. Cela fragilise les situations dès qu’un souci se présente. Si la famille élargie n’est pas suffisamment solide pour prendre en charge les enfants c’est la catastrophe. Il n’y a aucune aide sociale ni allocations familiales pour soutenir les familles. Beaucoup de grands-mères doivent élever leurs petits-enfants alors qu’elles ont encore des enfants à charge elles mêmes.

J’ai eu l’occasion de suivre sœur Marie Jeanne dans son travail quotidien. Sœur Marie-jeanne est assistante sociale, formée à l’école de service social de Tana. Sa formation n’est pas très différente de la mienne mais elle travaille dans un contexte qui n’a rien de similaire.
Elle est responsable du dispensaire des sœurs de St Maurice. Elle travaille sans aucune intervention de l’état. Même s’il y a ici des ministères (et surtout des ministres !) de la santé du social et de l’éducation, l’état ne soutient pas ou très peu les différents organismes présents sur le terrain qui doivent vivre de subventions d’associations ou d’ONG.

Sœur Marie Jeanne soutient des jeunes et des familles. Dans le temps que j’ai passé avec elle, nous avons visité, avec un infirmier, un homme malade atteint d’un cancer très avancé. L’infirmier venait pour lui proposer un soin dans le but d’éviter trop de souffrance. La famille vit dans une case sans eau ni électricité. Il n’est pas possible d’hospitaliser ce monsieur car cela ne serait pas pris en charge et la famille ne peut pas payer. Comme il ne peut plus travailler et que sa femme doit s’occuper de lui, il n’y a plus de ressource dans cette famille.

Sœur Marie Jeanne m’a aussi amenée dans un centre expérimental pour la réinsertion des personnes atteintes de troubles mentaux. Une grande case avec salle de réunion et cuisine vient d’être construite. Cet espace a l’air très agréable et bien adapté pour permettre les échanges conviviaux entre les personnes, autour d’un repas par exemple, mais pour le moment il ne sert pas. Je n’ai pas bien compris pourquoi, ça semble complexe.

L’objectif de cette expérience est de réinsérer les personnes autour du travail de la terre pour arriver à une autonomie ou du moins une autosubsistance. Des manguiers ont étés plantés. Le défrichage est en cours avec l’abattage d’arbres. Malgré tout, cultiver la terre ici semble très compliqué sans irrigation et sans mécanisation compte tenu de la chaleur et de la sécheresse du sol.

Quelques femmes habitent sur le site. L’une d’elle est aidée par sœur Jeanne Marie. Elle vit avec son petit garçon, Patrick, âgé de 3 ans, dans une toute petite case en tôle. Elle est visiblement en grande détresse psychologique et très marquée par la maladie. Prostrée, mutique, elle ne s’occupe pas du tout de son enfant. Dans la case, juste un matelas par terre et des vêtements sales sur le sol. Sœur Marie Jeanne m’explique que le petit Patrick est bien plus en sécurité ici que lorsqu’il vivait dans la rue avec sa mère. Les autres femmes veillent sur lui et il ira à l’école à la rentrée. Les conditions de vie de ce petit garçon semblent bien précaires selon nos normes mais il s’agit sans doute d’une solution adaptée au contexte.

Sœur Marie Jeanne est à l’origine de la création de l’orphelinat géré par Zita, en lien avec une association réunionnaise « Terre Rouge Enfant de Madagascar ». Le foyer a été ouvert en 2008. Auparavant les enfants ne pouvant plus vivre dans leur famille étaient accueillis dans une congrégation.
En 1999 il y avait eu un projet de centre d’accueil d’urgence en partenariat avec la police, la justice et le service social avec des fonds UNICEF. Ce centre a été crée mais a vite périclité. Sœur Marie Jeanne me parle d’objectif détourné et de corruption !

Depuis il n’y a plus aucune intervention de l’état dans le financement et l’organisation de l’orphelinat. Zita perçoit environ 1000/1100€ par mois en tout. Cela comprend les parrainages de certains enfants et l’aide au fonctionnement versée par l’association. Le loyer s’élève à 220€ et l’électricité à 110€. Elle emploie plusieurs personnes.
Pour éviter le coût élevé de ce loyer, Zita construit un bâtiment neuf sur un grand terrain. Elle a fait fabriquer les parpaings dans son jardin et supervise la construction. Elle y consacre beaucoup de son temps et de son énergie ainsi qu’une partie de son budget. Aujourd’hui les murs sont construits et les tôles du toit posées. Ce bâtiment sera plus adapté pour accueillir les enfants. Il y aura plus de place et surtout plus de sécurité !

Zita a un diplôme d’animatrice sociale, elle est la seule à avoir suivi une formation. Elle supervise tout toute seule, la comptabilité, l’éducatif, le soutien psychoaffectif des enfants…Elle le fait de manière sensée et avec tout son cœur mais elle ne peut pas tout faire toute seule. Elle aurait besoin d’une personne formée à ses côtés.
Selon nos normes françaises, les règles d’hygiène et de sécurité, le suivi des enfants et leur ouverture sur l’extérieur ne sont pas tout à fait à la hauteur, mais ils ont l’air bien tous ensemble. Ils sont solidaires, les plus grands s’occupent des petits. Ils sont attachés les uns aux autres.
Trois d’entre eux sont lourdement handicapés. Ils ont une prise en charge par une association : MAJHANDI.
Tous, sauf les 2 plus jeunes, sont scolarisés soit à St Gabriel soit à Ste Thérèse.

Certains enfants sont parrainés par des membres de l’association réunionnaise qui versent 25€ par mois pour chaque enfant. Certains ont même un double parrainage. Il en reste 8 sans parrainage dont 6 sont scolarisés et 2 pris en charge par MAJHANDI. Pour ces derniers il y a des frais d’inscription mais pas d’écolage. Il s’agit de Daniela 8 ans qui souffre d’une infirmité motrice et d’un retard mental et de Fabien 10 ans, autiste.
Six parrains de l’AFMV vont parrainer des enfants, le paiement de l’écolage aidera beaucoup Zita dans sa gestion.

Ces rencontres ont été des moments très riches, chargés d’émotion car je n’étais pas dans ma position professionnelle habituelle avec mes « outils » et mon expérience. Il n’est pas facile de réagir lorsque l’on se sent aussi démuni face à des personnes et surtout à des enfants sans réel moyen pour faire quoi que ce soit pour eux. Il faut rester très modeste et ne pas espérer changer un contexte qui d’ailleurs nous échappe. Il est lié à l’histoire du pays, à sa culture et à tellement de choses qu’il est difficile de comprendre de notre place. Quelques lectures nous ont permis d’en savoir plus sur la culture malgache, l’organisation de la famille et la prise en charge des enfants.
Le plus important à mes yeux est l’authenticité des liens créés et les échanges possibles qui vont continuer avec Zita et sœur Marie Jeanne. Les personnes rencontrées nous disent toutes qu’elles apprécient ces échanges et la considération que l’on apporte à ce qu’elles font.
Un prochain voyage permettra de prendre des nouvelles des enfants. Et de voir s’ils jouent encore au UNO et au MEMORY comme je leur ai appris !!!

Quelques femmes habitent sur le site. L’une d’elle est aidée par sœur Jeanne Marie. Elle vit avec son petit garçon, Patrick, âgé de 3 ans, dans une toute petite case en tôle. Elle est visiblement en grande détresse psychologique et très marquée par la maladie. Prostrée, mutique, elle ne s’occupe pas du tout de son enfant. Dans la case, juste un matelas par terre et des vêtements sales sur le sol. Sœur Marie Jeanne m’explique que le petit Patrick est bien plus en sécurité ici que lorsqu’il vivait dans la rue avec sa mère. Les autres femmes veillent sur lui et il ira à l’école à la rentrée. Les conditions de vie de ce petit garçon semblent bien précaires selon nos normes mais il s’agit sans doute d’une solution adaptée au contexte.

Sœur Marie Jeanne est à l’origine de la création de l’orphelinat géré par Zita, en lien avec une association réunionnaise « Terre Rouge Enfant de Madagascar ». Le foyer a été ouvert en 2008. Auparavant les enfants ne pouvant plus vivre dans leur famille étaient accueillis dans une congrégation.
En 1999 il y avait eu un projet de centre d’accueil d’urgence en partenariat avec la police, la justice et le service social avec des fonds UNICEF. Ce centre a été crée mais a vite périclité. Sœur Marie Jeanne me parle d’objectif détourné et de corruption !

Depuis il n’y a plus aucune intervention de l’état dans le financement et l’organisation de l’orphelinat. Zita perçoit environ 1000/1100€ par mois en tout. Cela comprend les parrainages de certains enfants et l’aide au fonctionnement versée par l’association. Le loyer s’élève à 220€ et l’électricité à 110€. Elle emploie plusieurs personnes.
Pour éviter le coût élevé de ce loyer, Zita construit un bâtiment neuf sur un grand terrain. Elle a fait fabriquer les parpaings dans son jardin et supervise la construction. Elle y consacre beaucoup de son temps et de son énergie ainsi qu’une partie de son budget. Aujourd’hui les murs sont construits et les tôles du toit posées. Ce bâtiment sera plus adapté pour accueillir les enfants. Il y aura plus de place et surtout plus de sécurité !

Zita a un diplôme d’animatrice sociale, elle est la seule à avoir suivi une formation. Elle supervise tout toute seule, la comptabilité, l’éducatif, le soutien psychoaffectif des enfants…Elle le fait de manière sensée et avec tout son cœur mais elle ne peut pas tout faire toute seule. Elle aurait besoin d’une personne formée à ses côtés.
Selon nos normes françaises, les règles d’hygiène et de sécurité, le suivi des enfants et leur ouverture sur l’extérieur ne sont pas tout à fait à la hauteur, mais ils ont l’air bien tous ensemble. Ils sont solidaires, les plus grands s’occupent des petits. Ils sont attachés les uns aux autres.
Trois d’entre eux sont lourdement handicapés. Ils ont une prise en charge par une association : MAJHANDI.
Tous, sauf les 2 plus jeunes, sont scolarisés soit à St Gabriel soit à Ste Thérèse.